Prendre soin de soi

à l'aide d'exercices variés et d'histoires éclairantes

Extrait choisi: Le Vert Kwatange

Samira raffole des paroles de son professeur de philo. Cet enseignant débutant a été parachuté dans une banlieue opaque où vit la jeune Marocaine avec toute sa famille déracinée. Il est plein d’humour et manie la langue avec un talent drolatique fascinant.

Souvent le maître de philo dit aux étudiants :

– Un solide parcours scolaire est un véritable ascenseur social.

Dans le village du Maroc où est née Samira, il n’y a pas d’ascenseur du tout. Ce sont les pieds qui font grimper vers les sommets, le plus souvent pour contempler les paysages. Quant à gravir les échelons de la société en ascenseur, c’est là-bas une pure abstraction.

Le jeune prof fait rire les adolescents chaque fois qu’il se lance dans une de ses tirades pédagogiques préférées :

– Que veux-je ? Vers où cours-je ? Vers quoi tends-je ?

Ces trois questions suscitent des débats passionnés dans la classe. Les étudiants commencent par se rêver, se projeter dans un futur idéal sans aucun rapport avec la mélasse du quotidien. Ils s’excitent et les recadrages réalistes de l’enseignant font monter le ton et le niveau de réflexion.

Pendant ce temps, Samira, elle, s’envole vers les mots du maître, vers les formules qu’elle triture pour en extraire le sens, l’essence. Elle n’aime guère le « Vers où cours-je ? » car elle y entend « verrou » et si elle a envie d’aller dans une direction, ce n’est pas pour y trouver des blocages. Quoique… Un barrage peut être une occasion d’apprentissage… Mais non, décidément non, son préféré, c’est « Vers quoi tends-je ? » où elle entend par un jeu d’interprétation créative : « Vert Kwatange ».

Le vert Kwatange, c’est un pays vert toute l’année, où les pieds ne s’enfoncent pas dans la neige sale. Au Vert Kwatange, chaque être humain a le droit de faire démarrer ses projets, ses étoiles filantes. Et il a le droit de rater. Un échec y est considéré comme une simple leçon. Sans faillite ni sanction. Ce qui a pour effet de faire éclore les démarches créatives.

Jamais les habitants du Vert Kwatange n’entendent :

– Oui, mais es-tu sûr que ça va marcher, ton magasin de mots doux ?

Samira décide de parler du Vert Kwatange avec le prof de philo.

Un jour, après la classe, ils s’attardent à discuter devant le lycée. L’enseignant répond aux questions de la jeune fille et se dit heureux de l’aider à trouver son chemin. Samira se plaint qu’à chacun de ses rêves à propos du Vert Kwatange, la réalité lui paraît sordide lors de son retour brutal sur terre. Le jeune philosophe lui fait remarquer que réfléchir ouvre les portes de la cage humaine. Et il conclut :

– Bravo ! Je crois que tu seras bientôt prête à monter dans l’ascenseur social.

Pour en savoir plus sur cette illustration: www.atelierdelaspirale.be

Quelques thèmes présents dans cette histoire

  • Bonheur
  • Chemin
  • Direction
  • Echec
  • Evolution
  • Mot
  • Réalité
  • Réussite
  • Rêve

Une question pour avancer

Quels sont vos rêves personnels à propos du Vert Kwatange ? Notez quelques éléments de réponse comme ils vous viennent spontanément.

Une clé pour prendre soin de soi

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Visualisation créatrice(1)-évocation sensorielle

  • Relisez l’histoire avant de commencer.
  • Détendez-vous, respirez calmement, les yeux fermés, laissez s’installer en douceur un état de relaxation.
  • Vérifiez que votre visage est détendu : pas de sourcils froncés, desserrez les dents, relâchez la langue et tous les muscles du corps.
  • Entamez la découverte de votre propre Vert Kwatange, selon les sens qui vous y donnent accès, sans ordre préétabli. Si vous préférez entendre ou sentir en premier, libre à vous.
    • Laissez-vous ressentir l’état ou l’émotion qui vous vient par rapport à ce pays idéal.
    • Qu’y voyez-vous ?
    • Qu’y entendez-vous ?
    • Quelles odeurs vous viennent aux narines ?
    • Quels éléments de bien-être y trouvez-vous ?
    • Appréciez tout cela dans un état de détente et de sourire intérieur.
  • Vous pouvez également améliorer vos représentations sensorielles par des modifications formelles(2) afin de renforcer l’efficacité des images, des sons et des ressentis.
    • Voir la scène plus claire ou plus lumineuse, plus colorée.
    • Entendre les sons plus ou moins fort, percevoir un fond sonore, des voix chuchotées ou puissantes.
    • Ressentir la température du lieu, une sensation lors du toucher d’un élément du décor, le mouvement des feuilles d’arbres.
  • Cette évocation-visualisation peut prendre un certain temps, environ 15 minutes, selon le rythme de vos images et des perceptions sensorielles ajoutées.
  • Revenez ensuite en toute tranquillité dans l’instant présent, décantez en paix, puis prenez éventuellement quelques notes à propos de cette expérience.

Remarques

  • La visualisation est fréquemment utilisée en thérapie et en PNL. Je n’aime pas cette appellation, qui suppose que la personne utilise particulièrement le canal visuel, ce qui n’est pas toujours le cas.
  • Libre à vous d’entendre une musique ou de sentir une odeur attrayante avant de voir une image. A chacun ses processus.
  • J’emploie donc régulièrement l’expression évocation sensorielle, en plus du mot visualisation, ce qui me paraît plus juste.
  • J’attire aussi votre attention sur l’intérêt éventuel – à vous de sentir ce qui convient – de créer vous-même les éléments de cette évocation sensorielle afin qu’elle vous soit parfaitement adaptée.
  • Enfin, la visualisation-évocation sensorielle est créatrice. Elle peut générer des changements attendus, souhaités dans des situations bloquées ou des pathologies diverses(3).

(1) De nombreuses visualisations sont disponibles sur CD, ou décrites dans différents ouvrages. Voir notamment en bibliographie, Visualisation, des images pour agir, par François Paul-Cavallier. Visualisation, voir aussi l’explication dans le glossaire, p.
(2) Ces modifications formelles sont appelées sous-modalités en PNL. Sous-modalités, voir l’explication dans le glossaire, p.
(3) Voir en bibliographie, Guérir envers et contre tout, par Carl Simonton.